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3e capsule

 

 

 

 

Biblio hebdo

 

 

Visite hebdo à la biblio.

Ma sortie préférée depuis le déménagement. Une fois par semaine, nourrir mon imagination pour la peine. Sans abonnement. Sans carte d’adhésion. Repartir les mains vides, de toute façon.

 

Accueil machinal par medame-pimbèche-pincée-pleine-de-plis derrière son territoire-comptoir de prêt. Ses ongles roulent sur le comptoir luisant. Javelisé entre les clients. Qui devrait, comme moi, se ronger le bout des doigts. Au moins, son roulement de tambour digital resterait coi. Non, mais quoi !

 

Sa petite caisse est déjà ouverte. Prête. Affamée. Pour accueillir la monnaie des retours en retard. Reprendre les fautifs. Sa jouissance. Sa victoire. En attendant, tamponner les livres sortants en coinçant ses lèvres gercées vers l’avant. Au besoin, prendre un accent français. Plus sérieux. Plus pompeux. Puis, se gargariser avec une sip de café noir. Dérisoire.

 

Je pousse le tourniquet. Crissement grincheux se coordonne illico-synchro avec regards dévisageants sous demi-lunettes insultées. C’est encore moi. L’espionne… La voleuse de temps dans les allées cirées. Faudra s’y habituer. Les longs couloirs muets m’appellent. M’effraient. Tant d’idées. Tant de mots. Tant de trop. Faut croire qu’il y a vraiment le feu dans la tête des écrivains. Quand les idées cognent, ça presse, ça urge, ça bout, ça déteint. Des mots à la tonne. Ça m’impressionne.

 

Je reste là. Plusieurs minutes. Observer tout le bagage déposé sur les tranches d’arbres. Autant de forêt que d’artistes…. Des papilles de mots qui goûtent et racontent les angles du globe. Voyager. Sur le dos d’un titre bien taillé. Sur le plomb d’un crayon rêveur. Effleurer le carton-livre du revers de sa phalange. Frôler le savoir. Frisson étrange. Apaiser nos âmes avides. Sauver les déserts déshydratés.  Réchapper les forêts calcinées.

 

Il faudrait planter des livres. Les regarder grandir. Les arroser de notre présence. Les cueillir à maturité. Adopter des ouvrages-orphelins. Ouvrir des hospices pour les bouquins-pèlerins. Les chatouiller sous leurs feuilles plissées. Je t’ai lu. Gloire impromptue.

 

Puis, je détortille le tourniquet. Balancer un au revoir pressé à la pimbèche-plissée. Et m’imaginer…. Volontairement coincer le surplus du gras de son cou dans la fermeture éclair de son col roulé vert, froisser sa langue fourchue, fourvoyer son accent pointu et l’entendre jurer dans son jargon natal de fumier de campagne.

 

Triomphe. Me verser mon premier verre de champagne.

 

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