8e capsule

 

 

 

Ramer à l’envers.

Les yeux de ma mère rament à l’envers. Je croque mes doigts dans tous les sens. Elle accuse le stress. Décadence. Appréhension-maternelle-à-un-on-ne-sait-jamais-dépression-potentielle-donc-proposition-de-solutions-en-ressourcement-intérieur-pour-prévenir-l’horreur.

Tai-chi, yoga, stretching, gym… Longue liste. J’ai peur des séquelles. Mortel.

 

Aucune envie d’aller ressusciter mon énergie devant des gens qui digèrent leur trop plein de vidanges de vie en groupe. Incompréhension et désespoir maternels devant propositions miracles rejetées par fille ingrate. Tamponnage paternel temporaire aux solutions maternelles miracles régurgitées par fille ingrate. Achat d’un livre sur techniques de respiration et sur méthode-massage-détente-pour-les-matantes.

Non, mais franchement, ça dérape. Ça me dilate presque la rate. Un bouquin zen pour les recrues granos ou pour les mauviettes. Un ramasse poussière de plus sur mes tablettes. 

 

Ok.

J’ai changé d’idée. Girouette.

Prêtes, pas prêtes, tant pis pour les granos ou les mauviettes.  Ouvrir finalement ce livre de relaxation obsolète.  Masser mes pieds. Me sentir chic, zen, tendance et branchée. La réflexologie. Des zones sous nos pieds rattachées à des parties du corps. Pressions stratégiques. Déclic sans effort.

 

Attendre. Attendre toujours. 

Et encore. Je frotte, je flatte, je frôle… Crispée.  Je cherche des points stupides sous mes pieds rigides avec un bidon-livre. Distraite. Toujours rien. Zip. Niet. Pas de foutu point qui mène au cœur. Égaré. Courant coupé. Pourtant chaque coup qui pompe me rappelle qu’il est là. Me rappelle que ça fait mal. Me le rappelle, me le rappelle. De plus belle. Cœur vandale. C’est peine perdue. La réflexologie a oublié ses réflexes. Livre à l’index. Index à ma bouche.

Une bonne croquée.

Excellent prétexte.